Alors que le chiffre d’affaires de la formation continue des établissements d’enseignement supérieur public (universités, CNAM, écoles) a dépassé les 500 millions d’euros en France, le dynamisme créé par la nécessité de se former tout au long de la vie, entraine sur les bancs de la fac, de plus en plus de salariés ou demandeurs d’emploi.

Plus de 110 000 diplômes ont ainsi été délivré chaque année et la part des universités est majeure, au-delà des deux tiers, selon les chiffres les plus récents publiés par le MESR. 60% de ces diplômes sont des diplômes nationaux, parmi lesquels un quart sont des licences professionnelles, et 30% des masters (Source : MESRI-SIES, enquête formation continue).

Au-delà des chiffres, nous pouvons nous interroger sur la nécessité d’accompagner les carrières de toute une population et de dispenser des compétences de plus en plus volatiles au fil de la montée en puissance des technologies numériques. Est-ce la peur de l’obsolescence des compétences, de la disparition de nombreux métiers qui poussent nos concitoyens vers les portes des universités ? Ou bien, est-ce finalement un changement de modèle, dicté par les géants du numérique, qui nous transforme tous en apprenants perpétuels, en étudiants à la recherche de nouveaux savoirs tout au long de nos vies ?

Allons-nous échapper à la puissance des machines en élevant notre niveau de compétences ?

On le voit dans les programmes proposés par les universités comme dans les projets qu’elles présentent dans le cadre de France 2030, l’offre évolue sans cesse et donne une part plus large aux « softs skills ». Devenir un expert dans un domaine classique, est sans doute un prérequis des jeunes générations en attente d’une insertion dans le monde professionnel, mais pour les autres, celles et ceux qui ont envie ou besoin de changer de métier, il s’agit de nourrir d’autres ambitions. Épanouissement mais aussi mobilité et agilité sont devenus indispensables pas seulement pour les salariés et surtout pour les organisations qui les emploient et souhaitent les conserver dans leurs effectifs. La période est particulièrement tendue sur le marché de l’emploi, dans de très nombreux secteurs, aussi l’entreprise devient le partenaire formation de ses salariés. Il n’est donc pas surprenant de compter sur un financement issu des entreprises à hauteur de 50% pour les formations et les diplômes délivrés par les établissements publics.

formation continue

Comme le rappelle Franck Giuliani, le président de la FCU (Conférence des Directeurs des Services Universitaires de Formation Continue), « la formation continue fait partie des missions des universités et des établissements d’enseignement supérieur et la pluralité d’acteurs amène une grande diversité de réponses et de mode d’accès dans une offre totalement territorialisée ». Il ajoute que pour « conforter la reprise d’études, favoriser le retour à l’université dans le cadre d’un parcours de certification, dont on sait qu’en France il reste un élément clé du dialogue sur le marché du travail, il est nécessaire de penser de nouvelles ingénieries de parcours, intégrant la validation des acquis, et de nouvelles modalités pédagogiques multiformes. »

Aussi s’il est naturel que l’innovation portée par la recherche académique se transforme en accompagnement des publics concernés, il est clair que les formats courts de formation sont de plus en plus prisés. Ils représentent aujourd’hui un quart des parcours suivis mais les universités et les autres établissements du supérieur développent cette offre rapidement.

Et c’est, sans aucun doute, via les outils numériques et les moyens technologiques de diffusion des connaissances que cette accélération se manifeste. C’est d’ailleurs la volonté du ministère de donner des moyens importants à cette accélération au travers de l’appel à projets ASDESR (Accélération des Stratégies de Développement de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche) puisque 31 des 44 projets lauréats sont centrés sur le développement de la formation continue.

Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement Supérieur de la Recherche, précisait dans sa présentation : « les 44 établissements lauréats pourront étoffer leur offre de formation continue, renforcer le dépôt de projets européens, développer du mécénat ou mieux valoriser leur patrimoine. »

L’offre des universités est par nature très variée.

Pour répondre à un besoin de formation, elles proposent :

  • des diplômes nationaux (DUT, licences, licences professionnelles, masters, doctorats),
  • des titres d’ingénieurs,
  • des Diplômes d’Université de tout niveau et des formations qualifiantes d’une durée souvent plus courte
  • un équivalent national au Baccalauréat, le Diplôme d’Accès aux Études Universitaires (DAEU).

Pour répondre à un besoin de reconnaissance de l’expérience, elles assurent :

  • la Validation des Acquis de l’Expérience (VAE 2002) qui permet sur la base de l’expérience d’obtenir tout ou partie d’un diplôme ou d’un titre,
  • des dispositifs qui permettent de dispenser d’un niveau de diplôme y compris d’entrer à l’université sans le Baccalauréat,
  • des modalités permettant d’adapter et de raccourcir des parcours de formation
  • des bilans de compétences.

Source : Conférence des Directeurs des Services Universitaires de Formation Continue – FCU.fr

Et le numérique dans tout cela ?

Dès la sortie du 1e confinement en 2020, certains acteurs prédisaient que le recours massif à l’enseignement à distance, allait, a minima, bouleverser les habitudes. Ainsi France Velasquez, directrice de la formation continue à CY Cergy Paris Université, déclarait à Campus Matin :

« Il nous faudra tirer les leçons de cette période inédite et diversifier nos approches. En termes de service, sur l’accompagnement des personnes en reprise d’études, de nouveaux projets se mettent en place et vont s’intensifier en intégrant le distanciel… »

Depuis, il semble clair pour tout le monde que les universités ont su parfaitement s’adapter et que les moyens numériques sont désormais maitrisés par la majorité des personnels et des enseignants. Franck Giuliani ajoutait pour sa part que : « produire un scénario pédagogique accessible à distance ne suffit pas, il faut aussi apporter les éléments de preuve que les stagiaires ont participé, et rendre compte de leurs parcours. ». Et cela constitue encore aujourd’hui un enjeu majeur pour nombres d’établissements.

Les plateformes numériques développées par les EdTech françaises contribuent à l’émergence de nouvelles pratiques pédagogiques. Les attentes sont fortes, mais la richesse et la diversité des intelligences collectives permettront de trouver les solutions adéquates, de nature à satisfaire les enjeux partagés.

Gageons que les efforts de tous les acteurs concernés donneront les résultats escomptés pour le plus grand bien de tous.