Khadija Dib est Directrice des partenariats et co-fondatrice de KDetude, une solution pédagogique innovante pour la réussite de tous les élèves.
Khadija nous parle de Eleda, une plateforme pour l’apprentissage des mathématiques pour tous. 

Votre plateforme Eleda est un outil NoCode qui facilite l’apprentissage des mathématiques. Comment fonctionne-t-elle ?

Auparavant, lorsque les enseignants souhaitaient utiliser ou concevoir des activités mathématiques interactives et randomisées, ils avaient le choix entre prendre des ressources pédagogiques sur étagères ou utiliser des langages pensés pour des développeurs informaticiens. À l’instar de Scratch, le NoCode permet d’offrir une nouvelle voie pour la fabrication de programmes interactifs et donc d’activités pédagogiques interactives. Le NoCode est aujourd’hui utilisé dans de nombreux métiers et domaines pour offrir à des non-informaticiens la puissance des langages informatiques adaptés à leur métier et pensés pour eux. Nous avons donc conçu notre solution Eleda pour permettre à tout enseignant de mathématiques de concevoir des activités pédagogiques de haut niveau. Notre solution permet de s’abstraire des différents paradigmes des langages informatiques, bibliothèques scientifiques tout en profitant de fonctions didactiques dédiées en particulier les principes de “randomisation” et de “rétroactions personnalisées”.

La randomisation génère une infinité d’exercices permettant aux élèves et aux étudiants de s’exercer sans limite et à leur rythme jusqu’à l’acquisition des automatismes et des compétences visés. Les rétroactions personnalisées leur permettent d’apprendre de leurs erreurs et d’être guidés dans la résolution de l’exercice.

D’un point de vue scénarii pédagogiques, les activités peuvent être organisées en séquences pédagogiques dans un but de remise à niveau, de révision, d’évaluation des prés requis, d’évaluation formative ou sommative en présentiel ou en distanciel. Grâce à la randomisation, aucun élève n’aura exactement le même exercice, ce qui encourage le “peer instruction” et l’entraide entre élèves lors d’exercices en présentiel et ce qui réduit les risques de triche lors d’évaluation.

Vous travaillez en partenariat avec des universités. Comment les enseignants utilisent-ils Eleda ?

Nous sommes partis du constat partagé par les Universités que les étudiants, et en particulier les primo-entrants, ont un niveau insuffisant en mathématiques pour poursuivre dans de nombreuses formations de l’enseignement supérieur qu’elles soient en sciences dures ou en sciences humaines. Face à cette situation, de nombreuses universités recherchent des solutions qui permettraient aux étudiants d’acquérir en autonomie ou quasi-autonomie les compétences mathématiques nécessaires à la poursuite de leur formation.[1]

Dans le cadre de l’appel à projets “Démonstrateur de l’Enseignement Supérieur” (DémoES) qui encourage les partenariats avec des EdTech, l’Université de Haute Alsace a choisi notre société EdTech KDetude pour sa solution Eleda axée sur l’apprentissage des mathématiques. L’objectif est de concevoir un dispositif dédié à la remise à niveau et l’acquisition d’automatismes en mathématiques grâce à un partenariat d’innovation.

Il s’agit de proposer une solution intégrée offrant des activités et séquences pédagogiques spécifiques axées sur la remise à niveau et complétant les dispositifs existants ou s’intégrant des les modules de remise à niveau lorsqu’ils existent dans les maquettes. La priorité est mise sur les activités pédagogiques en mathématiques, mais grâce au langage NoCode nous explorons la possibilité de concevoir des activités pédagogiques pour les sciences humaines et sociales.

L’équipe de la startup KDetude collabore avec les équipes de l’université : enseignants-chercheurs, ingénieurs pédagogiques et informaticiens.
Ce partenariat d’innovation se veut être un modèle reproductible répondant à une difficulté majeure à laquelle se heurtent toutes les Universités dans leur usage de solutions EdTech : “Comment favoriser et sécuriser le développement de nouveaux usages pédagogiques sur un temps long alors que les solutions EdTech suivent leur évolution propre ou peuvent disparaître, dans le pire des cas.”
Pour répondre à ce dernier point et rendre l’Université de Haute Alsace souveraine, la startup KDetude lui cède sa technologie pour une intégration complète des technologies Eleda sur les infrastructures numériques de l’Université.

Cette démarche d’intégration d’une solution EdTech, doit permettre à l’Université de Haute Alsace d’entrer dans un processus d’amélioration, permettant par exemple d’enrichir la banque d’activités, d’améliorer la collecte d’indicateurs à l’échelle d’un groupe, d’une formation, d’une composante ou de l’Université. Ainsi, en fonction de ces indicateurs, l’enseignant pourra, par exemple, orienter ses pratiques pédagogiques, modifier directement et simplement les ressources pédagogiques Eleda grâce au NoCode ou encore construire des parcours pédagogiques en fonction des lacunes identifiées.

Les enseignants qui ont participé au pilote enseignent dans différentes composantes (IUT, Ecole d’Ingénieurs, Licence générale) et à différents niveaux (1ère année, L2 et L3). En particulier dans les modules de remise à niveau pour les primo-entrants, les séquences pédagogiques ont été directement intégrées au module prévu dans la maquette de formation et dédiées à la remise à niveau en mathématiques.

Les séquences pédagogiques sont d’abord utilisées en présentiel, chaque élève pouvant travailler à son rythme pour résoudre l’ensemble des activités plusieurs fois (puisque randomisées). L’enseignant apportant les rappels et notions de cours essentielles selon les besoins des étudiants. Les étudiants n’avançant pas à la même vitesse sur la séquence pédagogique, ils ont, après le cours, la possibilité de continuer à travailler les séquences à domicile ou même de refaire les séquences complètement. C’est la randomisation des activités qui leur offre cette possibilité puisqu’ils ne retomberont jamais sur les mêmes données d’exercices. Les résultats de l’expérimentation ont montré que les étudiants cherchaient à améliorer leur score (taux de réussite aux activités) après le cours, ce qui renforce leurs automatismes.

La persévérance de l’étudiant est récompensée dans le sens où plus il s’entraîne plus il améliore son score et renforce ses automatismes. En parallèle, les remédiations personnalisées permettent à l’étudiant d’obtenir en cas d’erreurs des explications contextualisées, en fonction de ses erreurs, à la manière d’un enseignant qui réaliserait une correction individuelle de ses erreurs. Cette individualisation de l’explication de l’erreur offre aux étudiants les moyens d’apprendre de leurs erreurs en disposant d’explications instantanées au moment le plus approprié : immédiatement après l’erreur. Ainsi le renforcement cognitif est maximum, car Eleda lui offre une explication contextualisée au moment où l’étudiant vient de réaliser son raisonnement.

En quoi ce que vous proposez est-il différent des autres outils EdTech du marché ?

Tout d’abord, plusieurs entreprises spécialisées dans le domaine de l’apprentissage des mathématiques sont présentes sur le marché. Chacune d’entre elles est différente et cherche à résoudre des problématiques pédagogiques complémentaires autour des mathématiques. Pour animer l’ensemble de ces startups, nous avons d’ailleurs initié la constitution d’un groupe Mathématiques au sein de l’association AFINEF qui regroupe les startups françaises de la EdTech en mathématiques. De manière générale, les EdTech françaises sont soucieuses de participer à la souveraineté européenne des solutions éducatives et respectueuses du RGPD, mais certains acteurs publics sont encore frileux à faire confiance à des petites structures. Il faut donc réfléchir à structurer les partenariats technologiques entre EdTech et les acteurs publics et c’est l’une de nos particularités.

D’un point de vue technologique, nous nous différencions fortement par notre approche NoCode, unique sur le marché, et par notre approche communautaire tout à fait adaptée à des déploiements à grandes échelles : universités, académies, groupements d’écoles. Par ailleurs, nos séquences pédagogiques fonctionnent sans connexion Internet facilitant leur usage, quelles que soient les contraintes d’accès à Internet.

Notre objectif est avant tout de permettre aux équipes pédagogiques d’être complètement autonomes dans la conception d’activités ou de séquences pédagogiques adaptées à leurs étudiants et aux gouvernances de construire des indicateurs de pilotage pédagogique. L’Intelligence artificielle est également un sujet sur lequel nous allons nous démarquer pour fournir aux enseignants un assistant didactique et pédagogique pour leur faire gagner du temps tout en leur laissant la main.

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