Stéphane Barbati est le co-fondateur et dirigeant de Kalyzée, une entreprise de technologie qui conçoit et développe des solutions audiovisuelle de diffusion de cours hybrides pour le marché de l’éducation et de la formation.

Kalyzée lance dès la rentrée des salles comodales en Guyane, est-ce une révolution de l’enseignement à distance ?

Ce projet concerne des collèges avec des soucis d’accès importants dues aux distances et au contexte social local. C’est très important pour nous d’avoir été retenu et de contribuer activement à la réduction de l’inégalité devant l’accès à l’éducation. Ce projet est à la base, développé pour les universités. La salle comodale a été pensée par des universitaires, pour des universitaires et est conçue pour dispenser des cours magistraux, des travaux dirigés ou même des travaux pratiques interactifs.

Ce projet d’envergure, 18 millions d’euros sur 5 ans, dont 9 seront financés par France 2030, est porté par l’académie de Guyane et de nombreux partenaires régionaux et nationaux, dont la collectivité territoriale de Guyane, Aix Marseille Université, EDF, le CNES, Kalyzée…

Guyane Connectée vise à améliorer l’accès à l’éducation dans les villages les plus reculés de la Guyane française, en créant des salles connectées, reliées au collège principal, pour que les élèves puissent assister de manière synchrone aux cours, depuis leur village.

L’idée est de répondre à la problématique de l’enseignant qui souhaite faire cours dans plusieurs salles à la fois. Ainsi, le cours comodal permet à l’apprenant, de venir en classe ou d’assister aux séances de formation équivalentes à distance de manière synchrone ou asynchrone.

Quel est l’impact de ces solutions technologiques sur le budget des établissements ?

Le projet Guyane nous a obligés à réfléchir en termes de consommation de ressources et d’impact économique. Etant donné les infrastructures locales, nous avions comme contrainte de réduire considérablement à la fois la consommation électrique et la bande passante nécessaire au flux vidéo. Nous devions également proposer un système très résiliant pour éviter toute situation de tension ou d’interruption de service. Nous nous sommes inspirés de la revue de Gérin-Lajoie et al.* qui résume plus de 10 ans de R&D sur le sujet de la formation à distance.

Nous avons réduit la consommation d’électricité de 75% et nous avons considérablement diminué la taille des fichiers vidéo pour limiter la bande passante. Cela a un impact à la fois énergétique et budgétaire, en plus d’une réduction de l’impact carbone global. Par ailleurs, nous travaillons depuis quelque temps, sur une offre tarifaire unique quel que soit le type de salle à connecter ou même son équipement de base. Enfin, nous proposons de récupérer les matériels (caméras, écrans) déjà installés et sommes capables de les intégrer à l’installation comodale, ce qui induit un effort de recyclage des matériels actuels. D’un point de vue strictement budgétaire, notre offre est très avantageuse.

Quelles sont les perspectives et vos projets pour Kalyzée ?

Notre volonté est de devenir l’acteur de référence de l’orchestration des salles de cours. Par orchestration, nous entendons la possibilité de piloter simplement l’ensemble des moyens techniques d’une salle de cours utilisée en présentiel et en distanciel simultanément. Nous devons libérer l’enseignant, mais aussi l’établissement des contraintes techniques liées au matériel. Les matériels et logiciels sont souvent hétérogènes, ce qui explique en grande partie les difficultés d’usage rencontrées par les enseignants et les équipes techniques supports. Nous voulons simplifier tout cela. En tant qu’expert métier, nous visons à mieux intégrer et harmoniser les systèmes matériels et les logiciels. Nous nous engageons à donner aux enseignants un accès à toutes les fonctionnalités des logiciels et des matériels mis à leur disposition.

Aujourd’hui, nous travaillons beaucoup avec AMU (Aix Marseille Université) mais aussi Perpignan ou Montpellier pour gagner en agilité et en orchestration globale des salles connectées. L’avenir n’est pas au distanciel versus le présentiel mais bien au comodal. C’est notre conviction.

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