Zoé Broisson, fondatrice de Flowchase

Zoé Broisson
Co-fondatrice et CEO de Flowchase

Application d’apprentissage de l’anglais qui améliore les compétences orales professionnelles, Flowchase est une plateforme facile d’utilisation qui propose des cours d’anglais général et des compétences générales spécifiques à l’industrie pour aider les apprenants à réussir.

La Tech est souvent perçue comme univers masculin. Vous avez co-fondé et vous dirigez une EdTech, être une femme a-t-il été un avantage ?

La Tech n’est pas perçue comme un univers masculin, elle en est un. Ce n’est pas mon opinion, c’est un fait. En ce qui concerne l’EdTech, il suffit de lire le rapport publié en janvier 2023 par la European EdTech Alliance¹ pour s’en rendre compte : seules 12,8% des EdTechs européennes sont fondées par des femmes, alors que 42,9% sont fondées par des hommes et 44,7% par une équipe mixte, comme Flowchase.

Ce fossé genré devient alarmant lorsqu’on s’intéresse à mes collègues directs: 73,9% des CEOs de l’EdTech sont des hommes, et ces derniers bénéficient de la grande majorité des fonds investis dans notre industrie. Cela reflète l’état général de la Tech en Europe², bien que les fondatrices génèrent un rendement plus élevé³.

Mais alors que l’investissement provient lui-même de business angels principalement masculins et de fonds aux équipes manquant de diversité, cette situation est-elle surprenante ? Pas vraiment.

Au-delà d’un souci d’équité qui devrait à lui seul motiver le changement, le constat suivant vient selon moi l’appuyer : les femmes représentent la majorité des enseignant·es (jusqu’ à 75% en milieu scolaire4), et par conséquent une proportion importante de nos utilisateur·ices. Quels biais genrés laissons-nous influencer les produits qu’elles utilisent ?

En résumé : être une femme a-t-il été un avantage pour moi? Non. Cela devrait-il être le cas ? Non plus. Mon genre ne devrait constituer ni un avantage ni un obstacle de plus dans mon parcours. Mais pour que cela devienne réalité, nous avons encore, tous et toutes, du travail.

Flowchase est une application avec pour objectif d’améliorer la prononciation lors de l’apprentissage de l’anglais. Comment votre solution est-elle utilisée par les enseignants et les étudiants ?

Tout à fait. Flowchase est une entreprise “Spin-off” née d’un projet de recherche universitaire belge (à l’UCLouvain). Notre expérience d’apprentissage a donc été conçue en appliquant la recherche en linguistique et en pédagogie, en suivant un modèle dit de “classe inversée”.

Il s’agit d’une méthode d’apprentissage qui a fait ses preuves pour enseigner avec les outils numériques comme Flowchase, qui permettent de décupler les résultats d’apprentissage grâce à la personnalisation et la pratique illimitées qu’offre l’intelligence artificielle en complément de la formation. Cette approche intégrée du numérique prend tout son sens lorsqu’on enseigne des compétences hautement individuelles telles que la prononciation et l’expression orale, où une différenciation de l’apprentissage est nécessaire mais difficile à mettre en œuvre efficacement avec des moyens humains uniquement.

Concrètement, notre application mobile s’accompagne d’un manuel d’activités de groupes prêtes à l’emploi, et nos programmes sont conçus pour s’intégrer harmonieusement aux cours dispensés par un·e professeur·e. Les enseignant·es peuvent demander à leurs étudiant·es de se familiariser avec les concepts d’expression orale à la maison, avant de venir en cours. Pour cela, on complète des activités de quiz, d’écoute et on s’entraîne à parler dans l’appli. Lorsqu’on s’enregistre, l’IA que nous avons développée analyse notre voix, détecte nos erreurs et ensuite donne des conseils personnalisés pour s’améliorer. Cette première étape est cruciale car elle permet à chaque apprenant·e d’aller à son propre rythme, et de s’entraîner dans sa zone de confort, loin du jugement des autres qui freine habituellement les plus timides.

Une fois en cours, les enseignant·es utilisent le manuel Flowchase pour mettre les compétences nouvellement acquises en pratique grâce aux activités correspondantes. Cette approche permet non seulement de gagner du temps de classe en ne devant pas expliquer la matière nouvelle et en passant directement à la pratique orale, mais elle permet également d’engager une utilisation systématique et régulière de l’outil par les étudiants·es, et de consolider les connaissances obtenues en multipliant les interactions productives avec la matière.

Actuellement, vous travaillez avec plusieurs établissements, autant secondaire qu’universitaire. Quels sont vos projets pour 2023 ?

Pour l’instant, nous avons principalement travaillé avec l’enseignement supérieur en France, en Belgique et en Espagne. C’est là où nous avons l’impact le plus large, en formant les futur·es diplômées juste avant qu’ils et elles ne rentrent sur le marché de l’emploi où les compétences linguistiques que nous leur apportons seront un atout incontesté.

En 2023, suite à la demande de nos clients, nous projetons d’élargir notre portefeuille de parcours d’apprentissage pour aider nos apprenant·es à se former avec les contenus les plus pertinents en fonction de leur discipline. Cela inclut par exemple le développement de parcours sur les soft skills (“Comment faire un excellent entretien d’embauche”) ou avec un vocabulaire spécialisé (comme en anglais médical par exemple).

Nous continuons également sur notre lancée dans le supérieur, et visons à consolider notre présence dans les pays de nos partenaires ainsi que dans d’autres pays d’Europe tels que le Royaume-Uni, où nous mettons en place un programme pour les nombreux·ses étudiant·es internationaux se préparant à étudier en anglais.

Mais vous avez raison : les acteurs de l’enseignement secondaire portent un intérêt accru pour notre solution depuis le début, et nous commençons tout juste à collaborer. Nous venons de lancer un projet pilote porté par 25 écoles en France et en Belgique où l’efficacité de notre outil dans ce contexte sera évaluée par une chercheuse en pédagogie de l’Université de Mons, Marie Dea. Quitte à révolutionner la formation linguistique, autant commencer le plus tôt possible !

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